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La Rencontre des Espagnols avec les Totonaques
Nous sommes au Mexique, dans l’Etat de Veracruz. Nous avons déjà évoqué les Totonaques dans notre album photo sur le Totonacapan et le site archéologique d’El Tajín : https://www.avygeo.com/fr/albums-photos/1359-le-totonacapan-region-typique-de-letat-de-veracruz
Mais ce n’est pas là qu’eurent lieu le choc des cultures et la rencontre des deux continents. El Tajín n’a jamais été découvert par les colons espagnols. Non, Hernán Cortés et ses troupes ont débarqué plus au Sud, et la première ville coloniale qu’ils fondèrent au Mexique fut Villa Rica de la Veracruz. Nous dédierons un album complet sur ce qu’est devenu aujourd’hui le principal port maritime de la côte Est mexicaine.
Bien que l’Île des Sacrifices, au large des premiers campements espagnols, soit un lieu de culte totonaque régulièrement fréquenté, c’est lorsque Cortés s’enfonce un peu plus dans les terres, à Cempoala, qu’il découvre la première ville totonaque. Il en est tout illuminé : la splendeur des pyramides lui rappelle les édifices de Séville en Espagne. Il construira plus tard une ville coloniale jumelle à Cempoala : La Antigua.
La première localisation de Villa Rica de la Veracruz n’est pas idéale : les colons soufrent du climat humide et des maladies. L’expédition établit une nouvelle cité plus au Nord, aussi baptisée Villa Rica. Encore une fois une ville jumelle de la cité religieuse totonaque de Quiahuiztlán.
Revivons ensemble ce qui changera à jamais le destin des Totonaques puis des Aztèques, avec mes photos prises en 2018. Les informations sont tirées notamment d’une brochure sur Cempoala et du site internet de l’INAH (Institut National d’Anthropologie et d’Histoire du Mexique) : https://inah.gob.mx
Nous profiterons de ces explications historiques pour donner un aperçu sur les différents écosystèmes de la région : avec ses mangroves, ses dunes et ses plages, le site de La Mancha, entre Quiahuiztlán et Cempoala, est un véritable paradis pour la biodiversité. De quoi faire de belles escapades nature avec le groupe d’écoguides La Mancha en Movimiento, qui offre depuis 1998 des prestations touristiques justement rémunérées et tournées vers la protection de l’environnement. Plus d’informations sur www.ecoturismolamancha.com
Album publié le 24/11/2020
12Vue sur le site archéologique de CempoalaCempoala signifie « Abondance de l’Eau » ou « Région des 20 villages », selon les traductions. En effet, la cité est bâtie sur les rives du fleuve Actopan et les terres sont fertiles, rapidement inondables. De plus, tous les 20 jours, un grand marché a lieu et les 20 villages totonaques voisins se retrouvent en ville pour vendre canne à sucre, maïs, artisanat et autres produits. Aujourd’hui on ne visite qu’1/12ème environ de cette riche ville qui comptait autour de 30 000 habitants au XIIIème siècle. C’était même devenu la capitale des Totonaques, gouvernée par Chicomacatl (« 7 Canne à sucre »), et son importance était encore plus grande que la cité d’El Tajín. Le site archéologique est aujourd’hui particulièrement étudié pour cette construction circulaire en créneaux, qui aurait servi à compter le temps.
6La Grande PyramideLorsqu’on pénètre au cœur des murailles du complexe IV, on découvre le centre cérémoniel de Cempoala. C’est d’ailleurs la seule partie qui a été excavée par les archéologues, dès 1891 (redécouverte du site par Francisco del Paso y Troncoso). A l’Ouest, les restes de la Grande Pyramide, construite en pierres polies par la rivière, comme tous les bâtiments. Lorsque Cortés visita la ville totonaque, tout était peint d’un blanc lumineux. A quoi pouvaient donc servir ces bases circulaires au pied de la pyramide ? A récupérer les têtes des prisonniers sacrifiés ?
11La Pyramide de la MortOn compte en tout une dizaine de pyramides à Cempoala, dédiées à différents dieux de culture post-classique. Les Aztèques ont apporté leur influence lorsqu’ils envahirent la capitale en 1469, soumettant ainsi le peuple totonaque à tribut. D’autres pyramides sont situées au plein milieu de la ville actuelle, comme c’est le cas pour le Templo de Ehecatl, le dieu aztèque du vent, ou le Templo de las Caritas, la pyramides des visages.
4Le coq comme nouveau caciqueLes Totonaques auraient triste mine s’ils voyaient leur ville aujourd’hui réduite à une peau de chagrin. L’exploitation du bétail a abîmé la plupart des autres édifices, mais c’est surtout les inondations de l’ouragan Janet en 1955 qui a favorisé la reconstruction des logements sur les ruines archéologiques. Ce n’est donc pas rare ici de voir les poules s’intéresser à l’Histoire…
5Musée de CempoalaOn termine la visite par un petit musée qui expose quelques figurines retrouvées sur le site. Beaucoup représentent des visages expressifs aux traits caractéristiques en forme de grain de maïs. Les Aztèques considéraient en effet que les Hommes étaient les enfants de Tonantzin, la déesse de la fertilité représentée par les épis dorés.
10La maison de Cortés20 km au Sud de Cempoala, Cortés fonde la ville de La Antigua. Il a sa propre maison de style colonial, dont il ne reste aujourd’hui que des pans de murs recouverts de végétation ouvrant sur des salles vides. Etrange atmosphère dans ce lieu peu mis en valeur, mais c’est peut-être mieux ainsi. Si on tend l’oreille à la fenêtre, avec un peu d’imagination on peut encore entendre la douce voix de la Malinche, la compagne de Cortés, traduire du nahuatl à l’espagnol, lui expliquer que les Aztèques pensent que le colon est le dieu Quetzalcoatl qui revient se venger et qu’il peut jouer ce rôle…
Ville : La Antigua
Lieu : Maison de Hernan Cortes
12Le pont suspendu sur le fleuve AntiguaPas vraiment d’autres vestiges à La Antigua, ville qui a aujourd’hui pris le tournant du tourisme avec ses ballades en bateau sur le fleuve et ses nombreux restaurants. On y vient faire une escapade dominicale, loin de Veracruz la bruyante, pour se reposer et déjeuner en famille.
Ville : La Antigua
12Plage de la ManchaSur la route entre Cempoala et Quiahuiztlán, un petit détour par la plage de la Mancha en vaut la peine. La plage est magnifique, bordée par la mangrove, les falaises et la lagune. La mer rejette parfois des troncs d’arbre fossilisés qui apportent une touche au paysage, rappelant peut-être les caravelles espagnoles qui débarquèrent sur ces plages de l’autre monde.
6Lagune de la ManchaComme sur une bonne partie de la côte du Golfe du Mexique, des lagunes se découpent entre plages et montagnes. C’est le cas de la lagune de La Mancha, étendue d’eau qui se déverse dans la mer par un étroit goulot. Couchers de soleil romantiques avec le lever de la brume sur les contreforts de la Sierra Madre Oriental.
11Les marais de la ManchaEnfin, derrière les dunes, une étendue de marais d’eau douce où viennent se reposer les oiseaux migrateurs. Un milieu naturel complexe, assez unique et extrêmement riche en biodiversité, que la Communauté de La Mancha en Movimiento essaie de protéger. www.ecoturismolamancha.com
5La récolte de la canne à sucreOn quitte la lagune par une petite route qui permet de rejoindre l’axe principal Veracruz - Poza Rica, d’où on pourra reprendre un bus pour Quiahuiztlán. Cette ballade d’environ 3 km traverse les champs de canne à sucre, et on peut observer la récolte dans des énormes camions chargés à bloc. Un travail harassant et dangereux, car les feuilles et tiges de canne à sucre sont très coupantes, et qu’il faut sans cesse chasser les moustiques ! Ici, la canne à sucre va probablement rejoindre la grosse raffinerie de Cardel, où le sucre sera transformé.
12Plage de Villa RicaOn reprend la route vers le Nord, contourne la lagune de Farallón puis la lagune de Villa Rica. On descend du bus pour rejoindre à pied la plage de Villa Rica. C’est ici, sur le rocher de la Quebrada, ouvert sur la mer, que Cortés édifia un fort. Il n’en reste pas grand-chose aujourd’hui.
4Cerro de los MetatesOn remonte la route vers l’intérieur des terres, 3 km d’ascension douce pour le Cerro de los Metates. C’est ici que les Totonaques édifièrent la ville de Quiahuiztlán, la « Ville de la Pluie » en nahuatl. Et on s’imagine en effet la première impression des Aztèques lorsqu’ils découvrirent la ville engloutie dans la brume.
8Les autels funéraires de QuiahuiztlánEtrange endroit. Une cinquantaine de petits autels ont été construits là, sur cette montagne, avec la vue sur l’océan. Quels étaient les rites funéraires des Totonaques de cette période post-classique ? Faisaient-ils des offrandes aux morts qu’ils déposaient dans la petite porte de ces mini-maisons ? Quel était l’importance de Quiahuiztlán, à quelques dizaines de kilomètres de la capitale Cempoala ?
10Les metatesLa montagne s’appelle ainsi car les archéologues y ont découvert une quantité impressionnante de metates, ces pierres volcaniques plates qui servaient à moudre le maïs avec un pilon. Dans tous les sites archéologiques du Mexique, on a souvent retrouvé ces objets du quotidien à proximité de tombes. Ils avaient sûrement une fonction religieuse, pour accompagner le mort dans l’au-delà, appelé le Mictlán.
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